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Nota bene: en raison de l’aggravation de son état de santé, Miss Cloclo, alias Clothilde Alexandra, a dû mettre un terme, à son plus grand regret, à la création de capsules humoristiques; l’interprétation exigeant d’elle une somme d’énergie dont elle se sent désormais incapable. Elle a décidé, en contrepartie, d’ajouter à ce site un volet littérature; où elle s’exprime, sans pudeur, sur une problématique délicate dont on entend peu parler par ceux-là même qui en sont l’objet: l’aide médicale à mourir.
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Avertissement: cet article peut contenir des propos dérangeants susceptibles de heurter la sensibilité de certaines personnes.
Une majorité de gens ignorent que la plupart des tentatives de suicide se soldent par des échecs. Même en se jetant sous les roues d’un métro, il est fort possible de rater son coup; et le cas échéant, de se réveiller, qui pis est, lourdement handicapé. Bref, ne serait-ce que sur le plan « pratique », à moins par exemple d’avoir accès à une arme à feu – et encore ! – il n’est pas si facile de se donner la mort.
Or, il s’agit d’une entreprise d’autant plus difficile à concrétiser dans ma situation: quand on peine à se tenir debout cinq minutes d’affilée, et qu’on dépend d’autrui pour la moindre activité.
Sans l’aide médicale à mourir, la seule méthode « d’auto-euthanasie » vraiment à ma portée en serait une par surdose de médicaments. Cependant, malgré la quantité considérable de comprimés dont je dispose… par ce moyen, au lieu d’arriver à mes fins, je courrais davantage le risque d’aboutir au-dessus des toilettes en train de « vomir mes tripes », ou bien à l’hosto à subir un lavage d’estomac … en plus de m’exposer à des séquelles irréversibles au cerveau.
Si je devais me charger de ma propre « délivrance »… à supposer même que je parviendrais à trouver – je ne sais où – un endroit pour me pendre… doublée – je ne sais comment – d’une quelconque façon de m’y rendre… encore faudrait-il que je procède à l’insu des membres de mon entourage, afin d’éviter de les incriminer – dont mon copain, avec qui j’habite et qui me sert de proche aidant – ce qui impliquerait de leur mentir et de les trahir. Et ça, c’est sans parler du cran nécessaire pour passer à l’acte, compte tenu que je quitterais ce monde dans d’atroces souffrances, ainsi que dans la plus grande des solitudes.
Le texte qui suit a été rédigé il y a de cela quelques années, et plus exactement peu avant « l’affaire Truchon-Gladu »; tandis que ma condition physique avait déjà commencé à devenir « invivable » – pour reprendre ici un terme employé dans la dernière parution; mais que l’aide médicale à mourir n’était toujours pas légalisée pour les personnes dans mon cas: soit dont la mort n’est pas considérée comme « raisonnablement prévisible ».
Peut-être serait-il pertinent de mentionner en outre qu’à cette époque, j’espérais encore voir mon état s’améliorer; et ce, en dépit du fait que j’étais déjà affligée, depuis la jeune vingtaine, d’une première pathologie, et que surgissaient soudainement, tour à tour, de multiples autres symptômes… dont la cause n’allait être identifiée qu’ultérieurement. Aussi avais-je alors toute la misère du monde à me faire prendre au sérieux par quelque médecin que ce soit.
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Les oiseaux volés
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Saviez-vous qu’il est prouvé scientifiquement que les animaux à sang chaud rêvent pendant leur sommeil ? Ce qui suppose une mémoire… et même une imagination !
Personnellement, ceux que j’affectionne par-dessus tout, ce sont les chats. Dont je suis attendrie, notamment, par l’aura d’innocence.
Quoique, chez ces petits rois du logis à quatre pattes, celle-ci soit teintée d’une certaine touche de malice. En ce sens, on pourrait leur attribuer une sorte de « candeur rusée »… ou bien alors de « ruse candide », c’est selon ! Les chatons, toutefois, à l’inverse de leurs aînés, me semblent dénués de ce côté malicieux, ne laissant émaner d’eux que pur angélisme.
Ceci dit, sur le plan morphologique, les créatures qui s’apparentent le plus aux anges sont, de toute évidence, les oiseaux. Et grâce à leur ailes, il se révèlent sans doute les êtres les plus libres de la planète.
Et pourtant, parmi ces derniers, dont l’essence même réside ainsi dans la jouissance d’un terrain de jeu s’étendant jusqu’aux confins de l’atmosphère, s’en trouve certains qu’on met en cage… et souvent, dès leur naissance… dont on fait l’élevage comme des végétaux… qui pis est: le commerce comme de simples objets, de vulgaires jouets… comme de mini-automates dépourvus non seulement de toute intelligence, mais aussi de toute faculté à ressentir quelque souffrance affective ou physique.
Peut-on croire qu’il en existe, au sein d’entre eux, qu’on s’amuse, par surcroît, à martyriser ? C’est d’ailleurs ici à se demander, sérieusement, si ces pauvres malheureux, qu’on prend pour des « simples d’esprit »… sinon des « sans esprit »… ne sont pas plus « sains d’esprit » que leurs tortionnaires !
Ces « oiseaux volés », on les traite parfois cent fois pire que les détenus envoyés au cachot pour avoir perpétré un délit à l’intérieur des murs. Ces créatures célestes, par contre, leur condamnation est un sort qu’ils n’ont pas mérité. Ils sont « innocents », certes: au sens de « purs, naïfs, crédules »; mais également au sens de « non coupables ».
Derrière les barreaux, ils y resteront néanmoins jusqu’à la fin de leur existence. Même pas droit à une quelconque « liberté conditionnelle ».
À propos d’innocence, tiens ! ça me fait penser: j’ai lu quelque part que chez les humains, les nouveaux-nés seraient incapables d’établir une distinction entre leur corps et leur environnement. Comme si, dans leur esprit, celui-ci ne présentait aucune frontière: qu’il englobait tout ce qui les entoure.
Est-il possible que ce « schéma corporel », selon leur formulation, soit comparable chez les oiseaux volés par rapport à leur cage ? Voire même plus ancré, vu leur infériorité intellectuelle présumée ?
Dans tous les cas, moi, ma prison, c’est mon propre corps… lequel, en m’agressant de l’intérieur, me cause de sempiternels malaises et douleurs: comment s’en sort-on alors ?
Je me suis réveillée, un jour, internée… juste comme ça, en un claquement de doigts… dans un pénitencier hostile, où on pratique la torture. Sans savoir pourquoi, ni pouvoir obtenir d’explication plausible de qui que ce soit: ni de gardiens, ni de médecins… et cetera.
Et depuis, je suis en plein dedans, qui me tape constamment la tête contre les murs… à me demander sans cesse: mais quel crime ai-je donc commis pour être ainsi punie ?… À perpète ! à perpète !… quitte à me répéter: à perpète ! à perpète !… à perpétuité !
En plus d’être privée de toute assistance pour m’échapper; j’ai réalisé, en tentant de forcer la serrure, que j’étais enfermée à double tour.
Pire, en fait: ma cellule n’offre même pas de fenêtre pour laisser place au rêve. Y’a qu’un trou, et si profond que la lumière, effrayée, n’ose pas y pénétrer. Et dans lequel je suis précisément en train de tomber en chute libre ! Emportée, malgré moi, par une circonvolution d’idées noires… sans fin, sans fond, sans raison aucune… je sombre de plus en plus loin dans l’absurde… tout droit vers l’empire des ténèbres.
Piégée au centième sous-sol du désespoir… du désespoir de cause… me voici qui me mets à lancer des SOS, à bout de bras, dans les airs. Faute ainsi de trouver mieux à faire, je prie… je crie… j’écris « À L’AIDE ! »… et de toute mon âme, de tout mon coeur… de tout mon amour, de toute ma douceur… de toute mon enfance, qui me monte à la gorge… de toute mon innocence, encore et toujours…
Je prie donc « À L’AIDE ! »… et de toute la foi qu’il me reste, quelque part, en moi, malgré tout… je hurle de toute ma peine, ma rancoeur, ma frayeur… J’écris ainsi « À L’AIDE ! »… de toutes mes pleurs… et de tout mon corps, qui se vide, du même coup, de sa sueur… de son sel… de son eau…
Or, j’ai beau prier… crier « À L’AIDE ! »… presque jusqu’à l’extinction de voix… tout ce que j’entends en retour, ce sont mes propres mots… propres maux… propres maux… répercutés par l’écho !… par l’écho !
Mais où sont les gardiens ?… les gardiens ?… les gardiens ?… Que font mes anges gardiens ?… à la fin ?… à la fin ?… Existent-ils seulement ? À moins qu’ils ne soient aussi impuissants que moi ?… qui sait ?… qui sait ? Et la clef… la clef… la clef… où est la clef ?
À quel moyen d’évasion puis-je bien avoir accès dans une telle prison ? et à sécurité maximale, s’il vous plaît !… Quelqu’un aurait-il des suggestions ? HÉ HO !… HÉ HO !… Votre attention, je vous prie: y’a-t-il un méde… heu… un magicien caché LÀ-HAUT… LÀ-HAUT… dans son chapeau ?
Sinon, qui au monde serait capable de vivre dans pareilles conditions ? C’est à mourir de peur ! à mourir d’horreur… dur à en crever ! Et moi, j’en ai assez de mourir à petit feu… Je ne suis pas un martyre: je ne suis pas le Fils de Dieu.
Parlons-en, justement, de Dieu: la belle affaire ! Que fait-il des toutes mes prières ?… mes prières ? À part me les recracher au visage !
Et si mes doutes étaient avérés ? S’il n’intervenait qu’à l’intérieur des frontières invisibles de son Paradis: bien confortablement assis sur son trône, sur son petit nuage rose à lui ?…
… Impassible devant toutes ces injustices sur Terre ! Certes, à preuve: les famines, les guerres… ainsi que, eh oui, les maladies ! Que peut lui importer, du reste, par comparaison, les rêves de grandeur et les questions existentielles des bien portants et des bien-nantis ? Il doit s’en contrefoutre d’autant plus…
Ou autrement, il vient faire ses petites visites, mais juste de temps en temps, et selon son caprice. Dieu est ubiquiste ? il est partout, vous dites ? Ouais… sauf où on en a vraiment besoin.
De là une prédilection, chez lui, pour les nations en paix ou les plus riches. Notamment pour les sociétés dites « oxxxy-dentales », soit pour celles dont le souci principal de certains consiste à ne pas voir leurs dents afficher le blanc phosphorescent tant promis par leur dentiste. Ou encore, à constater que leur nouvelle photo « de profil », tout sourire, publiée sur « Facebook », ne remporte pas la palme des « likes » de la journée !
Ouais… Dieu semble bien se rencontrer parfois dans les mariages, les festivals, les voyages… dans les paysages de cartes postales: au sommet des montagnes, de même que sur les plages. Mais jamais dans les corps et les appels de détresse des grands malades. Ou alors très rarement, le cas échéant.
Dieu préfère de loin la fête et le bon vin: Dieu se fout bien d’aider son prochain.
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Post-scriptum: ce blog ne prône pas le suicide. Il relate les états d’âme d’une personne à qui on a accordé l’aide médicale à mourir. Pour y être éligible, quand on ne souffre pas d’une pathologie mortelle, il faut notamment être atteint « d’une maladie grave et incurable », avec « une situation médicale qui se caractérise par un déclin avancé et irréversible de ses capacités ». Il est donc question ici d’un état irréversible. La majorité des souffrances strictement psychologiques, aussi intenses puissent-elles parfois se manifester, finissent éventuellement par trouver une solution, ou bien par s’atténuer avec le temps. Si vous entretenez des pensées suicidaires, vous pouvez chercher de l’aide, notamment en appelant au numéro suivant ou en cliquant sur l’image.
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